L'art d'envoyer

Depuis 2009, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis soutient « la Culture et l’Art au Collège (CAC) ». Cette démarche repose en grande partie sur la présence, en classe et pendant plusieurs semaines (40h), d’un artiste ou d’un scientifique ayant pour mission d’engager les élèves dans un processus de recherche et de création.

 

Intervenant-e-s:
sébastien souchOn / auteur, Marie-Yaé Suematsu, Pierre Klein / Designers- Artistes

Chargée de projet:
FLORISE PAGÈS

 

Objectifs :
Malgré́ l’omniprésence des mails et des sms, les échanges « postaux » n’ont pas disparu. La spécificité́ et la nature du contenu, associées à la personnalité́ du destinataire visé, méritent chaque fois un support créé à la mesure de l’envoi. Au risque des règles du cheminement postal, les élèves étaient invités à tester les attendus du Mail Art.

Atelier :
Ray Johnson
Avec un premier éclairage sur le Mail Art, sa place dans l’histoire de l’art, ses artistes et grands principes (des objets confectionnés avec des matériaux de récupération, hors gabarits et conventions, en s’inventant des codes…), les intervenants ont posé un contexte pour déclencher une situation d’écriture commune à toutes les classes qui devraient s’écrire entre elles. Ils ont débuté une réflexion avec les élèves sur les contraintes à prendre en compte : de quoi va-t-on parler, à quelle fréquence, attend-on une réponse, d’une part ? Selon quels codes esthétiques, avec quels matériaux, d’autre part ? Enfin, ils ont lancé une première requête aux élèves qui devaient rapporter un panel d’enveloppes et de courriers trouvés chez eux, pour commercer à s’interroger sur la lettre elle-même (typographique, écrite, dessinée). Puis cette matière première serait recyclée par les élèves et détournée. Une série de cartes postales de paysages réalisées à partir de trames d’intérieurs d’enveloppes a vu le jour, des enveloppes de toutes sortes ont été assemblées pour faire un carnet à soufflet que les élèves allaient remplir de propositions graphiques diverses puis envoyer, des enveloppes ont été mises à plat puis repliées en avions en papier, prêts à poster. À ces occasions, les élèves ont dû écrire une adresse postale et coller un timbre, pour une grande majorité d’entre eux, pour la première fois.

Comme une lettre à la poste
Les élèves ont ensuite bénéficié d’une visite des collections d’art postal du musée de la poste et d’un atelier avec un artiste du Mail Art pour demander aux équipes du musée ce qu’il était vraiment possible de faire ou pas en termes de dimensions et matériaux, ce que la poste acceptait, mais aussi la différence entre une œuvre selon eux et un simple courrier. Toujours en s’amusant avec les codes de ce courant, les élèves ont élaboré avec des matériaux peu coûteux et différentes techniques (collage, pochoirs, impressions, peinture…) des objets messagers, parfois en personnalisant un peigne, une bouteille en plastique, une vieille casquette, une boite d’allumettes, qu’ils avaient préalablement choisis, d’autres fois en défiant la poste avec au contraire des objets façonnés en terre crue, lourde et fragile, sur lesquels écrire un mot.

Réseau pirate
Une dernière période d’expérimentations, écrites cette fois, a débuté à travers une multitude d’exercices qui jouaient avec la volonté propre à l’art postal de créer un réseau à soi : décrire une adresse et non plus l’écrire, inventer des pseudos, codifier un langage, créer des protocoles qui mettent le facteur à contribution, faire coexister plusieurs récits pour plusieurs destinataires sur un même objet. Les intervenants ont mis à contribution les élèves pour inventer des récits du quotidien, fictifs, des codes secrets, des consignes à donner aux destinataires de ces envois. Une fois les choix des uns et des autres arrêtés, individuellement les élèves ont transposent leurs textes sur les objets réalisés plus tôt ; une attention particulière était portée à la qualité graphique de la production écrite et la manière dont elle prenait place sur son support. Au fil des envois et des objets réceptionnés, les tests se poursuivaient et évoluaient. Tous ces échanges devenaient des sortes de cadeaux, des surprises, que les facteurs ont délivrés de classe en classe.

Partager : Au mois de juin, les productions des élèves devant être exposées dans des vitrines installées dans les bureaux de poste de quartier et dans les collèges, les élèves ont dû revisiter leur travail de l’année pour sélectionner les exemples les plus parlants et les organiser en y ajoutant des légendes. Les familles, amis et autres membres du collège, étaient invités à découvrir l’exposition et s’amuser des multiples liens à trouver entre les réalisations des élèves et l’univers de la Poste.

Remerciements : aux bureaux de poste de Neuilly-Plaisance et Neuilly-sur-Marne pour avoir accueilli les expositions des élèves.

 

 

Sorties :
- Expositions « Histoires Vraies » au MACVAL, Vitry-sur-Seine
- Musée de la poste, Paris

Collèges :
- Classe de 6èB du collège Albert Camus à Neuilly-sur-Marne
- Classe de 6è 3 de la Cité Scolaire Olympe de Gouges à Noisy-le-Sec
- Dispositif ULIS du collège Jean Moulin à Neuilly-Plaisance

 

 

Photos: Cyril Entzmann

L'art d'envoyer
L'art d'envoyer
L'art d'envoyer
L'art d'envoyer
L'art d'envoyer
L'art d'envoyer

LE COURS DES CHOSES

Avec la période de confinement, les démarches initiées en collège ont connu quelques changements, également quelques aménagements et surprises. Le moment est venu de présenter ce qui a été finalisé par les élèves, les enseignants et les intervenants. Cet espace de diffusion rapporte nombre de témoignages visuels, sous des formats à la fois fixes et animés, et invite les visiteurs à une découverte différenciée : en cela par projet identifié ou d’une manière plus aléatoire.