Nuire en substance

Depuis 2009, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis soutient « la Culture et l’Art au Collège (CAC) ». Cette démarche repose en grande partie sur la présence, en classe et pendant plusieurs semaines (40h), d’un artiste ou d’un scientifique ayant pour mission d’engager les élèves dans un processus de recherche et de création.

 

Intervenant-e-s:
EMERIC MICLET, OLIVIER LAPREVOTE, MÉLANIE DIBENEDETTO, ROMAIN MAGNY, LUCIE ARMAND/ TOXICOLOGUES – CHIMISTES, ASSOCIÉ-E-S À SYLVAIN BRUNIER, FABIENNE GOUTILLE, GIOVANNI PRETE, ALEXIS AULAGNIER, NATHALIE JAS / SOCIOLOGUES

Chargée de projet:
Florise Pagès

 

Objectifs:
Aider les élèves à comprendre les pesticides eux-mêmes : pour cela, conduire une analyse parmi les principales substances utilisées dans l’agriculture, suivre les traces que les pesticides laissent dans la terre, dans le vivant, dans l’air, dans les fruits etc. Cette enquête fait référence à l’arrêté de décembre 2019 établissant des zones de non-traitement (ZNT) visant à protéger les riverains, mais contre lequel les partis opposés s’insurgent. Accompagnés d’un chimiste et d’un sociologue, les élèves ont tenté de rendre compte des processus de transformation à l’œuvre avec les pesticides, au niveau des molécules comme de l’environnement, pour le meilleur et pour le pire.

Rendre visible
Les classes se sont d’abord demandé ce que sont les pesticides, de quand dates-ils, où les trouvent-on…? Puis s’est posée la question de l’utilisateur et de sa pratique : comment sont-ils appliqués et sur quelles cibles, avec quels objectifs, quels outils? Avec le chimiste, les élèves ont listé les composants des pesticides et du Roundup en particulier, ont parlé d’agents actifs, d’adjuvants, de diluants…pour en saisir les propriétés physico-chimiques et effets de synergie. Puis ils ont observé les mécanismes d’action de ces matières actives sur des daphnies exposées à des pesticides pour certains, et sur des plantes qu’ils ont fait poussées en classe et qu’ils ont traitées avec du Roundup, un pesticide « maison » ou sans pesticide, pour d’autres. Consciencieusement,  ils ont suivi l’état des daphnies ou comparé les feuilles des plantes pour en comprendre le comportement et en tirer des conclusions. Cet exercice aura permis aux élèves d’appréhender les termes d’effet-dose, notions de seuils, ou encore de parler « moyennes ». Au terme de cette première synthèse, ils ont pu définir les situations dans lesquelles ces produits protègent, ou au contraire nuisent.

Ceci est mon champ
En agriculture, un arrêté et un décret tentent de protéger les riverains de l’épandage de pesticides en délimitant une zone de séparation. Accompagnés par un sociologue, les élèves ont d’abord essayé de dresser le portrait au sens large des acteurs impliqués dans cette controverse et de leurs arguments respectifs, en s’appuyant sur des coupures de journaux, des témoignages d’associations environnementales, des extraits audio-visuels et comptes-rendus scientifiques. Puis ils ont préparé une série de questions en se saisissant des outils du sociologue pour partir ensuite mener leur propre enquête sur les usages des pesticides, sur le terrain. Certains sont ainsi allés recueillir les témoignages d’agriculteurs conventionnels, de betteraviers plus précisément sur les néonicotinoïdes, d’exploitants bio, d’autres faisant partie des fermes DEPHY, ou encore d’un maire anti-pesticides. Les points de vue de chacun ont soulevé de nouvelles questions sur les pratiques et alternatives pour limiter les pesticides tout en préservant la santé des agriculteurs et leur métier (car si les pesticides sont nocifs pour eux, ils impliquent aussi un travail fait principalement par des machines, et donc une baisse des agriculteurs), et l’environnement. Les élèves ont aussi pu constaté que les réponses sont parfois moins tranchées car par exemple sans néonicotinoïdes, moins de betteraves, donc moins de sucre, donc plus de sucre importé et le risque pour la sucrerie locale de fermé, donc de pertes d’emplois, mais si l’on conserve les néonicotinoïdes, alors les abeilles seront en danger et donc tout notre écosystème en pâtira…

Risques ou dangers
Enfin, pour rendre concret le débat ouvert au chapitre précédent, les élèves ont abordé avec les chimistes les modes de dispersion, la rémanence, et les résidus de pesticides. Ils ont compris que si les pesticides avaient des cibles précises, on en retrouvait néanmoins partout (eau, sol, cheveux, insectes). Grâce à des analyses transmises par des laboratoires, les élèves ont décelé des traces de pesticides dans le jus de raisin du supermarché, et les chips qu’ils consomment quotidiennement, en étant pourtant bien loin des champs. Les sociologues sont ainsi revenus sur ces produits et leurs étiquettes aux nombreux logos, abordant avec les classes les règlementations, ces pictogrammes et leurs significations, et les problèmes que posent ces étiquettes destinées à renseigner un large public pourtant incapable de les comprendre, mais autorisé à manipuler les produits. 

Partager :
En fin d’année, une légère installation signalétique a été imaginée pour être installée dans les collèges et permettre de sensibiliser l’ensemble des collégiens à ces questions et aux alternatives possibles. Les classes ont pu raconter leur expérience aux autres élèves et tenter d’apporter leur point de vue sur cette controverse d’actualité.

Remerciements : aux exploitants qui ont accueillis les classes dans leur champs et ont partagé avec eux leur expérience : la ferme de Chatenoy, Eric et Anne Gobard, Bertrand Omon, Emmanuel Drique et Antoine Lambert, Fabrice Gilbert ; au Laboratoire de toxicologie biologique et médicolégale du CHU de Limoges pour avoir fait les analyses de chips et jus.

 

Sorties:
- visite de la ferme de Chatenoy (Bio), et de l'exploitation de Fabrice Gilbert à Souppes sur Loing
- visite du Moulin de Chantemerle (Bio), et rencontre avec le maire anti-pesticides de Montfermeil
- Visites des exploitation DEPHY de M. Drique à Bezu Saint-Eloy et M. Lambert à Tournan en Brie

Collèges:
- classe de 4è 1 du collège Saint-Exupéry, à Noisy-le-grand
- CLASSE DE 3È B, DU COLLÈGE JEAN MOULIN, À NEUILLY-PLAISANCE
- CLASSE DE 4ÈM DU COLLÈGE JEAN JAURÈS À SAINT-OUEN
- classe de 4è du collège Lavoisier, à Pantin
- classe de 4èm SEGPA du collège Victor Hugo, à Aulnay-sous-bois

 

Photos: PIERRE ANTOINE, F93
Scénographie: ELODIE DESCOUBES

Nuire en substance
Nuire en substance
Nuire en substance
Nuire en substance

LE COURS DES CHOSES

Avec la période de confinement, les démarches initiées en collège ont connu quelques changements, également quelques aménagements et surprises. Le moment est venu de présenter ce qui a été finalisé par les élèves, les enseignants et les intervenants. Cet espace de diffusion rapporte nombre de témoignages visuels, sous des formats à la fois fixes et animés, et invite les visiteurs à une découverte différenciée : en cela par projet identifié ou d’une manière plus aléatoire.