La voix des masques

C’est une démarche proposée et encadrée par F93, en collège et à l’extérieur, pour une durée d’activité de l’ordre de 6 mois (entre janvier et juin 2021). Cette démarche est réalisée grâce à la collaboration étroite de l’anthropologue Frédéric Keck, (auteur de plusieurs ouvrages sur les pandémies et les virus, en particulier : « Les sentinelles des pandémies », ed. Zones sensibles 2020) qui encadrera les élèves avec plusieurs autres chercheurs. 

 

Intervenant-e-s:
Ana Guevara, Frédéric Keck / anthropologues, Mathilde Caro / sociologue

Chargée de projet : Florise Pagès

 

Objectifs :
La société française, sortie d’un confinement de deux mois pour limiter la contagion du Covid-19, doit faire face à une injonction paradoxale de l’Etat : alors que celui-ci a répété pendant des semaines que les masques chirurgicaux ne servaient à rien dans l’espace public et devaient être réservés au personnel hospitalier, les autorités sanitaires ont imposé le port du masque dans les transports en commun et recommandé son usage dans tous les lieux publics. Ce projet de recherche vise à suivre les usages du masque chirurgical dans le contexte de cette injonction paradoxale après le confinement contre le Covid-19. Il s’agit de comprendre comment, en fonction de leur âge, de leur genre, de leur profession, de leurs croyances religieuses, de leurs opinions politiques, les citoyens français s’approprient cette technique inventée en Chine et la subvertissent, la détournent, l’investissent d’intentions multiples visibles dans ce qui est montré/caché.

 

Ateliers:
Les Masques

Une première phase de démarrage du projet a consisté en la présentation de la discipline des intervenants, l’anthropologie, et des masques étudiés par les chercheurs : des masques d’origine sud-américaines, d’Asie, utilisés pour des rituels ou trouvés comme souvenirs sur les marchés, ont circulé en classe pour permettre d’aborder les notions d’identité, de rites, de fonction, de sacré, pour se poser la question de savoir si nous étions en train de créer un nouveau rituel en portant le masque aujourd’hui. Frédéric Keck a également replacé le projet au cœur de l’enquête en cours, menée sur plusieurs villes étrangères, ce qui a permis de soulever des questions avec les élèves sur leur propre expérience.

Enquête quantitative
Une seconde étape a consisté à mettre les élèves dans le rôle d’enquêteurs, les familiariser avec les outils et méthodes de la sociologie, leur faire découvrir le questionnaire existant pour en co-construire un nouveau avec eux à l’aune de leur culture, leur actualité, en l’adaptant, le testant, se posant la question de la cible, de l’enregistrement des données. Puis chaque groupe est parti à la rencontre d’habitants du Blanc-Mesnil, une première fois dans les rues et le parc aux abords du collège, une seconde fois dans le marché du centre-ville, en essayant de varier l’échantillon de population touché. A chaque fois, un moment de mise en partage des expériences et réactions a permis de se rendre compte des difficultés rencontrées. Les élèves ont pu apprécier l’importance de l’interprétation des résultats, croiser les réponses, dégager de grandes tendances et comparer les terrains.

Enquête Qualitative
Enfin, dans l’idée d’approfondir certains aspects de l’enquête et de profiter de questions « ouvertes », les élèves ont augmenté de quelques questions le questionnaire, pour ensuite le soumettre à leur famille, ou y répondre eux-mêmes. Cette dernière phase aura permis de récolter la parole des élèves plus librement, plus sensiblement aussi, sur ce qui a changé dans leur quotidien, leur rapport aux autres, leurs déplacements, la manière dont ils se montrent, , leurs réunions de famille, avec qui et où ils mettent le masque, pourquoi etc…

Partager :
Au mois de juin, un moment de clôture a été organisé au collège en la présence des intervenantes. Des vitrines reprenaient le contexte du projet et ses différentes étapes, illustrées par les résultats des enquêtes et des extraits d’entretiens ou des discussions menées en classe. Ces éléments étaient accompagnés de plusieurs tirages de photos prises par les classes lors des terrains. Lors de cette restitution, les élèves ont pu faire part de leurs propres réflexions sur le projet (tant sur le sujet que sur les méthodes appliquées), et ont également tenu à présenter ce qu’ils désiraient transmettre aux classes qui reprendront le projet pour la saison prochaine. En plus de répondre aux nombreuses questions des élèves, Frédéric Keck a remis le fruit du travail mené par les élèves en perspective avec les résultats d’autres enquêtes menées simultanément par des chercheurs. Ces éléments de réponses ont été présentés lors d’un colloque organisé à l’Université Condorcet à Aubervilliers.

Remerciements : à l’anthropologue Frédéric Keck, auteur de plusieurs ouvrages sur les pandémies et les virus (en particulier : « Les sentinelles des pandémies », ed. Zones sensibles 2020), pour avoir accepté de mettre en place cette collaboration avec F93 et pour son investissement auprès des classes.

 

Sorties :
- Plusieurs sorties « Terrains d’enquêtes » : Place République à Paris, Mairie de Montreuil, Marché du centre-ville et abords du collège au Blanc-Mesnil.
- Musée du Quai Branly, Paris : les trois classes ont effectué une visite guidée des collections permanentes du musée sur le thème des rites d’initiation et du rôle des masques en particulier, dans les cultures autochtones d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Afrique représentées.

Collèges :
- Classes de 5ème4, et 4ème 2 du collège Eugénie Cotton, Blanc-Mesnil
- Classe de 4ème du collège Colonel Fabien, Montreuil

 

Photos: PIERRE ANTOINE
Scénographie: ELODIE DESCOUBES

La voix des masques
La voix des masques
La voix des masques
La voix des masques
La voix des masques
La voix des masques
La voix des masques

LE COURS DES CHOSES

Avec la période de confinement, les démarches initiées en collège ont connu quelques changements, également quelques aménagements et surprises. Le moment est venu de présenter ce qui a été finalisé par les élèves, les enseignants et les intervenants. Cet espace de diffusion rapporte nombre de témoignages visuels, sous des formats à la fois fixes et animés, et invite les visiteurs à une découverte différenciée : en cela par projet identifié ou d’une manière plus aléatoire.